Amélie Bernard
Amélie Bernard, crédit Justin Personnaz, photo à l'atelier
Archéologue du présent, Amélie Bernard cherche à s’emparer d’un temps qui nous échappe partiellement et s’évapore avant qu’on ait eu le temps de s’en saisir. Donnant à voir des objets triviaux comme les reliques d’un temps révolu, tentant de transposer formellement notre mémoire corporelle, encapsulant des instants voués à disparaître, l’artiste développe ainsi une relation paradoxale au temps présent qu’elle tente d’archiver par tous les biais.
Les œuvres d’Amélie Bernard évoquent ainsi les ruines d’une réalité désormais révolue. Travaillant sur l’amenuisement des formes, la matière mouvante et les flux en constante évolution. Elle interroge la légitimité de ce qui reste, de ce qui persiste malgré tout. La perte de matière qui caractérise les vestiges – champ de recherche cher à l’artiste – ne laisse place visuellement qu’à ce qui demeure, nous contraignant à nous confronter au manque et à l’absence.
Renouvelant notre appréhension mémorielle des matières et des restes dans un travail qui met en lumière les petites béances, les états indistincts, l’éparpillement des signes, Amélie Bernard nous présente un monde décorrélé de notre réalité dans lequel les ruines deviennent la projection d’un futur possible ou une réalité désormais révolue.
Présentée durant exposition ‘Handle with care’
Exposition multi galerie présentée par the Spaceless Gallery
Du 19 mai 2022 au 6 juin 2022, 18 rue Séguier, 75006 Paris
Dans cette perspective, la série Broken Skins fait référence à une histoire intime avec une résonance universelle. L’installation fait le lien entre les blessures inscrites dans le corps et l’usure qui attaque la pierre des bâtiments. L’enveloppe corporelle qui conserve les marques du temps devient un lieu de mémoire autant que peut l’être un édifice. Les strates d’architectures renvoient aux pans de nos histoires personnelles et sont pérennisées matériellement par l’artiste qui tente une fois de plus de rendre compte d’un phénomène temporel que l’on ne perçoit pas d’emblée. Les blessures sont élevées au rang de monuments et les façades murales abimées sont l’emblème d’une histoire commune.
Amélie Bernard, Broken Skins, 2021, 27 x 32,5 cm, sculptures et techniques mixtes : placo, plâtre, polystyrène, cire colorée, grillage métallique, bois, courtesy of the artist
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